Milie en vadrouille

Et me voici pour ma dernière soirée dans cette délicieuse petite oasis qu'est le jardin de l'austrian hospice. La température y est parfaite en ce début de soirée, avec le vent tiède et sucré qu'est l'air de Jerusalem.

Je suis vraiment attristée de partir demain, je commençais presque à me sentir chez moi ici. Et puis il y a encore plein de choses que j'aurais aimé voir. Il faut dire que je tourne un peu au ralenti depuis hier midi à cause de shabbat. Tout est fermé jusqu'à demain ! Je me suis faite prendre un peu de court et j'ai donc dû renoncer au Musée d'Israel que j'avais tant envie de visiter, ainsi qu'au monument de Yad Vashem, dédié aux disparus de la Shoah. Tant pis. Mais quelquechose me dit que je reviendrai. Pour voir aussi le reste d'Israel : le Neguev, la Galilée, Tel Aviv... il y a tant de choses à voir dans ce petit pays !

Je me suis donc lancée cet après midi dans l'ascension du Mont des Oliviers. Ce nom m'a toujours enchantée... Et encore une fois, je n'ai pas été déçue. Il y a beaucoup d'Eglises en haut de cette colline, perdues au beau milieu de cette enclave majoritairement musulmane. Mais il y aussi un immense cimetière juif, à flanc de montagne, parmi les oliviers.

Je me souviendrai longtemps de cette atmosphère de calme et de sérénité. Ce silence, la vue sur la vieille ville, et l'odeur des pins et des oliviers.

Aujourd'hui est un jour particulier puisque c'est shabbat.

C'est tout d'abord une très bonne excuse en ce qui me concerne pour ne rien faire. Car, oui, j'ai vraiment besoin de retouver une paire de jambes digne de ce nom et à peu près opérationnelle. Mes mollets sont raides de courbatures ; il faut vraiment que je me pose un peu. Et puis j'ai passé une nuit infecte dans cet hôtel que j'ai peiné à trouver hier soir (tout était complet), les femmes de chambre ont fait un boucan du diable dès 7h alors que j'avais vraiment besoin de dormir ce matin. Bref, en fin de compte, je ne suis vraiment pas mécontente de retrouver mon austrian hospice où je retourne passer mes 2 dernières nuits.

A tel point que j'y ai passé pratiquement toute la journée à lézarder au soleil avec mes bouquins en attendant shabbat.

Je suis donc sortie en fin de journée pour prendre la température d'un vendredi soir à Jerusalem. M'immerger dans cette effervescence qu'est ce soir de la semaine particulier pour les juifs. Il y a des haredim qui surgissent de toutes parts pour se rendre au Mur, ils sont sur leur 31, ils marchent très vite et se glissent à toute allure parmi les badauds qui se balladent dans les souks. Les hommes ont revêtu des redingotes en satin noir, beige pour certains, et portent de larges chapeaux en fourrure. Les femmes sont élégantes, en robes sombres et d'un style d'un autre âge. 

Je me suis rendue près du Mur, où - chacun de leur côté - les hommes et les femmes se réunissent pour danser et chanter. C'est carrément magique de voir ces hommes en noir se prendre par la main et chanter entre eux devant ce décor incroyable qu'est le Mur des lamentations. J'y resterai bien des heures mais je finis par être un peu agacée par tous ces touristes qui n'ont pas la décence de ranger leur appareil photo. Il y a du personnel spécialement désigné pour leur dire de ne pas prendre de photo, et il y en a qui trouvent à contester...

Du haut de l'hospice, j'observe pendant un long moment le contrebas de la rue et cet incessant défilé d'hommes en noir marchant à toute allure vers le Mur ou en revenant - toujours avec la même précipitation - pour partager le dîner de shabbat. C'est donc de ce point de vue que je prends de nombreuses photos tout en avalant une pizza palestinienne aux olives achetée dans la petite échoppe qui jouxte l'hospice. En face de moi, j'aperçois au travers de la fenêtre de la mosquée les hommes s'agenouiller pour prier Allah tandis que les haredim continuent de descendre et de remonter la rue... Fabuleuse Jerusalem... 

Les premières plages de la mer morte se trouvent à une demi-heure de bus de Jerusalem. C'est une chouette balade qui me permet d'en voir un peu plus sur ce qu'est Israel, soit un immense désert. Parfois, on longe le mur et les barbelés qui séparent Israel de la Cisjordanie. C'est tel ce que je m'étais toujours imaginé sur ce pays, y compris la vision un peu idéalisée de ces territoires bibliques que j'avais pu voir dans mes livres de catechisme ou bien dans certains peplums hoolywoodiens. On s'imagine assez facilement Moïse fouler cette terre jaune et aride ou bien les rois Mages y suivre leur étoile ;)

Je descends du bus à Kalia beach, assez curieuse de ce qui m'y attend... Un quart d'heure de marche sous un soleil de plomb, en plein désert. Sur la route, je passe devant un bâtiment desaffecté criblé d'impacts de balles. grrr... et oui, c'est ça aussi Israël,on se laisse happer par la beauté et la magie du pays jusqu'à en oublier que la guerre en fait partie... il faut dire que je vis depuis 4 jours dans une ville où les juifs, les musulmans et les chrétiens vivent ensemble et avec une promiscuité qui n'existe même pas en France ! c'est un paradoxe total, je n'ai jamais vu des communautés se tolérer avec un tel pacifisme (avez-vous déjà vu un groupe de jeunes coiffés de kippas croiser un groupe de maghrebins en France ? je me souviens des règlements de comptes qu'il y avait constamment à la fac de nanterre entre les "etudiants juifs de france" et le mouvement pro palestinien..) et pourtant je suis censée être à l'épicentre du conflit qui oppose les juifs aux musulmans... alors, c'est sûr, je ne suis pas à Gaza où les choses doivent être différentes. il n'empêche que je pensais que tout serait beaucoup plus étanche. or, il n'en est rien. les juifs haredim (ceux habillés tout en noir et coiffés d'un chapeau) traversent tranquillement les souks du quartier musulman de jerusalem pour se rendre au Mur des lamentations, et autre chose qui m'a étonnée : les quelques petites épiceries tenues par des musulmans dans le quartier de Mea Shaerim, celui où sont regoupés les juifs haredim. bref, c'est à n'y rien comprendre...

La plage est comme dans beaucoup de pays une succession de plages privées aménagées où il faut payer pour pouvoir y accéder. Mais je ne vais pas m'en plaindre car la Mer Morte est une "mer à prendre au sérieux" où il ne faut pas prendre de risque à se baigner hors des zones surveillées et délimitées. Avec la raréfaction de l'eau il existe des phénomènes de "gouffre" où des cavités de sel s'effondrent d'un coup aspirant avec elles les baigneurs...  Par ailleurs, avant d'accéder à la plage, une quantité de panneaux vous assignent une multitude de précautions à prendre : ne jamais mettre la tête sous l'eau, ne pas se mettre sur le ventre, ne pas boire l'eau, ne rentrer dans l'eau que par les pontons aménagés, si vous avez de l'eau dans les yeux, s'allonger et attendre que la brulure passe, interdiction de s'eclabousser, interdiction de plonger, etc, etc...

L'eau est trouble et il faut avancer lentement dans l'eau car il y a des endroits où on s'enfonce dans une matière visqueuse, parfois jusqu'au genou. Ca me dégoûte un peu au début. Après je finis par comprendre que cette matière visqueuse est en fait la boue avec laquelle les gens s'enduisent le corps entier et le visage. Je fais de même, pas convaincue de la véracité des effets qu'est supposée avoir cette boue. Mais bon, apparemment, se baigner dans la mer morte sans s'enduire de boue c'est passer à côté de quelquechose. Donc, je me lance...

Là encore, il y a de tout ici : des grands mères russes en voyage organisé, des bimbos en string, des musulmanes qui se baignent toutes habillées. J'adore cette diversité.

Et je confirme : il est impossible de nager dans la mer morte. on flotte, c'est tout. c'est meme difficile de rester les jambes pliées sous l'eau, elles reviennent toutes seules à la surface ! Je n'ai pas vraiment l'impression de "me baigner", plutôt de m'enfoncer dans ce qui pourrait être du liquide amniotique (même si j'en ai guère le souvenir..) tellement ce liquide semble ne pas être de l'eau et aussi parce que la position foetale est celle qui convient le mieux. Au bout d'un certain temps les 30% de sel qui composent cette mer commencent à se faire sentir et la peau commence à me brûler.

Bref, c'est une super expérience, assez surprenante, même si je ne me vois pas passer une semaine entière au bord de la mer morte comme certains le font.

C'est étonnant comment cette ville peut en contenir plusieurs. Il suffit de quelques mètres, d'un petit paté de maisons ou d'un simple escalier pour se retrouver dans une culture, un environnement qu n'a rien à voir avec celui que l'on vient de quitter.

Aujourd'hui j'ai traversé les souks orientaux, avant de me retrouver sur les murailles de la Jerusalem des croisés, pour ensuite me plonger dans ce quartier si intriguant qu'est celui des juifs ultra-orthodoxes de Mea Sharim, sans compter le petit bout d'Armenie qu'est la partie sud est de la vielle Jerusalem et enfin, j'ai rejoint la trop connue culture consumériste qu'est celle d'un centre ville avec ses boutiques, ses cafés et ses restaurants (que j'ai quittée assez rapidement d'ailleurs).

Donc tout d'abord fabuleuse ballade sur les remparts avec sa vue imprenable sur la ville. Pas grand monde en ce début d'après midi, seule à escalader ses (trop) nombreuses marches (mes mollets se souviennent difficilement de mon périple de la veille...). La vue sur le Mont des oliviers est superbe, ça donne envie d'y aller, quoique je ne sois pas certaine que ça en vaille le très grand détour. Je verrai.

Le clou de la journée fût surtout le quartier de Mea Sharim que j'avais très envie de voir. Ici, les juifs "ultra" vivent comme il y a 100 ans, avec le confort moderne tout de même. Les hommes sont tous habillés de la même manière : chapeaux, longs manteaux noirs et tous les attraits propres à la religion juive que je ne saurais décrire car je n'en ai pas les termes. Les femmes sont toutes en jupes longues noires, coiffées d'un petit bonnet de laine et en manches longues, entourées de 5 ou 6 marmots. Le quartier est parsemé d'affiches sur lesquelles on peut lire "merci de respecter notre sérénité et d'aborder une tenue vestimentaire décente : manches longues, pas de nu-pieds, jambes couvertes"... Ici, les murs sont criblés d'affiches en noir et blanc, aucune couleur. Les immeubles sont décrépis avec le linge qui sèche sur les balcons. Rien d'ostentatoire, la plus grande simplicité. Il y a des bibliothèques à même le trottoir débordant de livres de prières au cas où vous auriez envie de vous recueillir un peu en cours de chemin ;) 

Véritable impression d'être dans un autre temps, au milieu d'un ghetto d'avant guerre... C'est étrange. Cela me faisait un peu penser aux amish américains. Je me demande s'il ne s'agit pas là d'un moyen de se protéger, de se réfugier dans un monde idéalisé loin des difficultés que nous offre notre monde monderne. Quoique... Je me rappelle du film magnifique d'Amos Gitaï "Kadosh" qui se passe dans ce quartier je crois et qui décrit la vie terrible qu'est celle d'une femme mariée à un juif orthodoxe qui souhaite la répudier car elle ne peut pas avoir d'enfants. J'ai pensé à ce personnage quand je suis entrée dans une épicerie pour m'acheter une bouteille d'eau. La vendeuse n'osait pas me regarder dans les yeux et a attendu que je pose le billet sur le comptoir pour le prendre, histoire de ne pas avoir à toucher ma main. Un terrible malaise entre elle et moi. Je me suis demandée ce qu'elle pouvait penser, ce qu'était sa vie et si elle était heureuse comme cela. Bref, je reverrai Kadosh en rentrant... Et surtout, quand je vois le poids de la religion sur toutes ces femmes, je me questionne, je me dis que je suis vraiment bien comme je suis. Je n'irai pas prétendre que j'ai de la chance car il se peut que certaines soient heureuses comme cela.

Et donc, une fois la Jaffa street traversée, retour à la vie "normale". Le marché de Mahane Yehuda et ses olives, ses épices, ses fruits et légumes, ses jus d'orange fraîchement pressés... Puis Zion square et ses commerces.

J'ai tout de même oublié de mentionner mon bref détour au Jardin de la Tombe, en plein de Jerusalem Est. Soit l'endroit où aurait été crucifié Jesus (encore ! .. eh oui, il existe des divergences entre les partisans du saint sepulcre et ceux du jardin de la tombe ;). bref, des cars de touristes de toutes les nationalités qui vous bousculent et vous doublent pour pouvoir accéder à la tombe, qui se prennent en photo devant l'entrée du caveau sans vous laisser passer... des "mini-messes en plein air" délivrées par des guides touristiques.. je ne ferai pas de commentaire et ne tirerai pas de généralités hâtives, mais je n'ai pas beaucoup vu ce qui est censé représenter les valeurs du christianisme en cet endroit.

Ce soir je retourne pour la troisième fois au "Mur" car l'ambiance la nuit y est incroyable. aucun touriste, juste des juifs qui prient, dans le calme et la sérénité.

Et demain, je ferai un petit bout de chemin jusqu'à la mer Morte, afin de me laisser flotter...

Tandis que la messe de 17h bat son plein à l'Austrian hospice:) je rentre m'écrouler dans ma chambre pour un repos bien mérité après des heures de marche et de visite de la vieille Jerusalem. Il faut dire que je n'ai pas ménagé mes efforts, j'ai enchaîné, tout à tour, les trois lieux les plus sacrés du judaïsme, du christianisme et de l'Islam (en excluant la Mecque, bien évidemment). S'il y a une journée à faire à Jerusalem, c'est celle que je viens de vivre : je n'arrive pas à décrire le formidable mélange d'histoire, de cultures et de ferveur que fût cette journée.

Tout d'abord, c'est un peu au hasard que je suis tombée sur le Mur des lamentations après avoir traversé 2 postes de contrôle sans trop savoir où ils me conduisaient. Image connue mais saisissante. L'impression de calme qui règne sur cette grande esplanade me surprend. J'y retournerai vendredi pour shabbat, il paraît que l'ambiance qui y règne alors est exceptionnelle.

Ce qu'il y a de mieux, paraît-il, ce sont les tunnels du Mur des lamentations. Mais il faut réserver 1 semaine à l'avance.. je tente tout de même ma chance. Je commence par me faire vertement recevoir et on m'invite assez froidement à appeler un numero pour réserver. Ce que je m'empresse de faire. Pas de bol, ça marche pas, je dois pas composer le bon indicatif. Je fais ma pauvre petite malheureuse auprès du ticket office. Le type qui ne doit plus en pouvoir de me voir finit par me filer un ticket d'entrée pour rejoindre le groupe qui vient de partir. hé hé...

Bon, j'ai pas tout compris à la visite car le guide parlait avec un accent americano-israelien que je ne parvenais pas à saisir. Mais le but était de voir les fondations du premier temple construit par Salomon 1000 ans avant JC et avec lequel a débuté l'histoire de Jerusalem. C'est clair que c'est impressionnant et on se rend compte de l'immensité que devait être ce premier temple. Les pierres de soutènement (oh la mon côté btp se réveille) sont absolument gigantesques : la taille d'un minibus et on se demande comment ils ont bien pu faire pour les manier. Le mur des lamentations est un des murs qui subsistent du second temple (construit à l'emplacement du premier après sa destruction) c'est celui qui se situe le plus proche de l'ancien sanctuaire du saint des saints du temple, raison pour laquelle il est autant sacré.(c'est d'ailleurs le lieu le plus sacré du judaïsme)

Juste au dessus de ce mur se situe donc le Mont du Temple, où se trouvait donc avant le temple construit par Salomon, et où se trouve aujourd'hui le célèbre Dôme du rocher qui a été construit quant à lui par le calife Abd al Malik en 690 (c'est compliqué...) car oui, tout le problème ici c'est qu'il s'est passé beaucoup de choses sur ce mont : c'est le lieu de création du monde pour les juifs et le lieu d'où Mahomet a fait son ascension aux sept ciels. Pire encore, Mahomet se serait élancé vers le Paradis depuis le même rocher sur lequel ABraham se serait apprêté à sacrifier son fils... Toujours est-il que le rocher est donc à l'intérieur du dôme du rocher, qui n'est autre qu'une mosquée et dans laquelle seuls les musulmans peuvent pénétrer. 

Cet endroit est censé cristalliser dans Jerusalem les tensions qui existent entre les juifs et les musulmans. c'est d'ailleurs toujours ce que j'avais pu voir aux infos et je l'imaginais comme un lieu un peu dangereux, ultra sécurisé et limite inaccessible. Et bien c'est peut être un des endroits les plus beaux que j'ai pu voir. Il s'en dégage une atmosphère de paix, tout simplement. Il s'agit d'une immense esplanade, parsemée de cyprès, sur laquelle domine le dôme du rocher. Les femmes sont assises sur les pelouses et discutent tranquillement. Les enfants courent et jouent au foot autour du dôme. Les hommes sont regroupés entre eux et lisent ensemble des textes sacrés. J'ai adoré cet endroit, même si en fin de compte il n'y a pas grand chose à voir pour les non musulmans. Ca a été trop court car le site ferme à 14h30. Je vais y retourner avant de partir, tant pis pour les 2 postes de contrôle que je vais devoir me retaper !

Après j'enchaîne sur un site beaucoup moins "cool" : le saint sépulcre et là je me trouve confrontée à une ferveur, une dévotion que je n'avais encore jamais rencontrées depuis mon arrivée ici. Pour la petite histoire, le saint sepulcre est la basilique qui a été construite au IIIe siècle sur le Calvaire, soit le lieu où aurait été crucifié Jésus. vaste programme ! Les gens pleurent, se prosternent, se bousculent pour se rendre à ce qui serait, au sein de l'Eglise "le tombeau de Jesus" (je n'ai même pas eu le courage de faire la queue pour rentrer dans le mausolée, peut être parce que la véracité de ce tombeau est loin d'être avérée). J'ai passé de longues minutes à photographier ces femmes voilées (?) qui se couchent sur la pierre sur laquelle on aurait lavé le corps du Christ : elles l'enduisent d'huile et la frottent avec un chiffon pour en garder avec elle "un peu du Christ"... Je n'avais encore jamais eu une telle image du christianisme. C'était saisissant.

Pour terminer le tableau, sur le chemin du retour, je croise nombre de cortèges portant la croix sur le chemin de croix qui mène jusqu'à mon hôtel. Ils sont conduits par des bénédictins et psalmodient tout en retraçant le chemin qu'aurait emprunté Jésus jusqu'à son supplice.. Il y a 14 stations correspondant aux évènements décrits par l'Evangile et où les pelerins s'arrêtent successivement pour prier.

Et pendant ce temps, les minarets se mettent à chanter l'heure de la prière... cette ville est incroyable !

Voilà, je suis tellement exténuée par cette longue journée que je ne sais même pas si je vais avoir le courage d'aller manger mon habituel plat de houmous ;) peut être des schnitzels avec mes amis les autrichiens...

Je ne sais pas pourquoi j'ai choisi de venir ici.. peut-être pour voir de mes propres yeux le pays dont on parle le plus aux infos télévisées. Même si je ne prévois pas d'aller dans les endroits qui craignent, cad bande de gaza et cie..

Le simple enregistrement à l'aéroport donne déjà un avant-goût du pays sans y être encore. J'ai mis pas moins d'une heure à roissy avant de pouvoir accéder à la salle d'embarquement. Car les compagnies aériennes israeliennes ne se contentent pas des contrôles de sécurité mis en place par Aéroports de Paris : elles ont leur propre procédure et autant dire que celles auxquelles on a l'habitude de se plier ont l'air d'une vague plaisanterie à côté de celle que j'ai dû endurer ce matin ! Déjà, j'ai eu le droit d'un interrogatoire d'un quart d'heure sur ma vie, mon voyage en israel, mes voyages passés : "pourquoi voulez-vous visiter israel ?" "pourquoi etes vous alles au maroc ? avec qui y étiez-vous ? comment s'appelle votre soeur ? que fâites vous dans la vie ? y a t il quelqu'un qui vous remplace au travail pendant votre voyage ?" (??? celle là, on a dû me la reposer 4 fois car je ne comprenais pas le sens de la question tellement ça me paraissait invraisemblable qu'on me demande cela !).

Une fois cette première étape passée, on m'a conduite dans une pièce spéciale où tous mes sacs ont été vidés, mes affaires examinées une par une et sur lesquelles ils font une sorte de prélèvement pour chercher des traces d'explosifs je pense (un peu comme ce qui est fait quand on sort d'une zone radioactive ;)

Après, j'ai eu le droit à une escorte spéciale jusqu'à la salle d'embarquement : impossible de s'arrêter au duty free ou de faire pipi ou de s'acheter un magazine avant de partir ... c'était la première fois que je voyais ça ! en discutant avec ma voisine dans l'avion, j'ai appris que cette compagnie était réputée pour tous ces contrôles et que les israeliens choisissaient de voler avec elle justement pour cela. c'est leur marque de fabrique, en fin de compte.

Ma voisine s'est par ailleurs avérée être assez gentille au final. J'ai vu tout de suite qu'elle voulait taper la discut, alors au début je me suis un peu fermée car je n'avais pas vraiment envie de raconter ma vie, ni d'entendre l'étonnement habituel quand je dis que je pars seule à jerusalem (les gens me fatiiiiiguent..;!) bon, passé cette étape, on a parlé un peu de la vie en israel, où elle se rendait pour voir toute sa famille comme plusieurs fois par an. et puis on a parlé de jerusalem, de cette ville qui est un peu le commencement de tout. et là j'ai ajouté "oui, c'est ça qui me semble formidable, que ce soit le berceau de la civilsation pour 3 religions" et la réaction a été immédiate "oui, pour le christianisme et le judaïsme... mais l'islam, c'est ce qu'ils disent, car bon, c'est tout récent pour eux jérusalem, au final, ça ne fait que 14 siècles qu'ils y sont" (et là je pense : "ah oui, pardon, excuse moi, "que" 14 siècles ;)) bon, j'ai compris qu'il y aurait des "lignes rouges" à ne pas dépasser et que les tensions peuvent être perceptibles même dans les conversations les plus banales... mais elle était très gentille, elle m'a même laissé son numéro "au cas où, car quand même, je ne connais personne en israel" je garderai de cette conversation une impression étrange : il fût beaucoup question de religion ou plutôt, un peu dérangée par le fait qu'on ne parle pas "des français, des allemands, des grecs, des israeliens, des palestiniens", comme j'ai toujours l'habitude de faire, mais que des "juifs, des chretiens et des musulmans". elle m'a d'ailleurs posé la question de ce que pensaient les chretiens du fait qu'il y en ait de moins en moins dans le monde et qu'il y ait "une diaspora terrible" des chretiens aujourd'hui, par exemple de tunisie et de syrie, car ils sont tous obligés de partir "et ça, on en parle jamais". je lui ai très franchement avoué que je n'avais jamais réfléchi à la question car je n'ai pas l'habitude de parler "des chretiens". non, en France, nous avons (encore) cette chance de considérer les gens pour ce qu'ils sont, et avant tout par leur nationalité, plutôt que par leur religion. vive la laïcité ! mais ça, je me suis bien gardée de lui dire...

et puis je suis arrivée à Tel Aviv. d'où j'ai pris un sherout (=shuttle) pour la vieille ville de Jerusalem. dont je n'ai pas vu grand chose aujourd'hui puisqu'il faisait nuit quand je suis parvenue à la vieille ville (il fait nuit à 19h ici) et il m'a fallu quand même pas mal de marche approximative dans les dédales des petites rues pour parvenir à mon hôtel.

du kebab noyé dans un ocean d'houmous... hummm

je suis dans un "hospice" chrétien autrichien en plein dans la partie musulmane de la vieille ville (c'est ça qui est incroyable ici, il n'est question que de religion, et celles-ci se cotoient et s'entremêlent). par hospice, il faut entendre un superbe bâtiment, aux allures de château, au milieu d'un très beau jardin. il s'agit d'un établissement chrétien qui était initialement destiné à accuellir les pélerins. ma chambre est ... spartiate et plutôt austère. mais il s'agit d'un très bon rapport qualité prix pour l'emplacement et le cadre. seul bemol : ambiance beaucoup trop germanophone à mon goût. donc 3 nuits me suffiront amplement !

ma chambre à l'Austrian Hospice. monacale, disais-je ;)

ah bon ??!